Les épreuves du bac se déroulent dans les caves du château de Laval, car les bombes tombent sur la ville. Marie-Joe est contente de son devoir de français. Elle a longuement parlé de Berthe Bernage, l'auteur de la série "Brigitte".
Des années plus tard, en retrouvant des Brigitte, en les relisant avec un regard différent, elle cherchera à comprendre pourquoi elle a tant aimé cette écrivaine...

dimanche 15 juillet 2007

Préface de Brigitte jeune fille


Brigitte parée pour son premier bal, imaginée(rêvée ?) par Berthe, et Berthe elle-même à vingt ans...
"pour qu'on l'aime, une figure de roman _pâle et joli fantôme_ doit présenter, il me semble, un ressemblance mystérieuse avec les âmes vivantes qui rêvent en feuilletant ce livre où elles croient se reconnaître"

Une France entre deux guerres, une France sans télévision, où toutes les familles n'ont même pas l'électricité, où moins de 3% de jeunes passent le bac, où l'on sort rarement de son département...une France où les jeunes filles et les femmes ont besoin de rêver...
"Ceci n'est pas un conte, et ce n'est pas une biographie. Chronique mondaine ? Traité de morale ? Pas davantage. Le journal de Brigitte vous présentera tout simplement le reflet de votre histoire de tous les jours, et de votre âme, jeunes filles. brigitte danse et s'amuse, elle étudie, elle voyage, elle rit, elle pleure, elle aime: tout comme vous-mêmes"...
Tout comme vous-mêmes, vous aimeriez faire...

Biographies...Bio pour rire...

Celle de Berthe Bernage prend du temps...mais patience...
Par contre, je me suis amusée à commencer celle de Brigitte.

Brigitte Louvain est née à Paris en 1909. Sa famille appartient à la bourgeoisie de l'époque.
Ses parents ont eu deux garçons qui sont morts à la guerre de 14/18. Il reste donc trois enfants à la maison, Yves né en 1903, Brigitte et Denis le "chouchou" de sa mère né en 1912.
Bien sûr, point de détails trop précis, le père est"un grand travailleur" qui reste marqué par la guerre de 14/18 et la maman , "une maîtresse de maison accomplie"...

Madame Louvain aime les jolies choses, les fleurs, la musique, elle joue fort bien du piano...Elle a très certainement beaucoup de points communs avec Madame Bernage, la douce Louise...
La maison est très joliment décorée, chaise à la "tapisserie aux bouquets", "salon bouton d'or", abats-jours couleur de rêve". (Berthe eut 20 sur 20 en rédaction le jour où on lui demanda de décrire sa chambre ...)

Mais la vie de famille est avant tout dominée par l'idéal chrétien, catholique.
Un jour Brigitte se dispute avec une camarade de classe:
"-Brigitte, vous plaisantez. Car il n'y a plus ni famille, ni religion, chez vous.
-Ma petite, au lieu de croire certains romanciers mauvais français qui mentent pour s'enrichir, regardez donc vivre les braves gens. On travaille, on prie , on souffre chez nous, mais gentiment , simplement. On apporte tout son esprit à sa besogne, et on s'aime avec tout son coeur. La vraie famille, c'est bien en France qu'on la trouve..."

Religion, famille, haute idée de la France étaient dans les années 1920 partagées par une majorité de français...Pour le moment notre propos est simplement de comprendre comment "fonctionne" la famille Louvain...

Démodée Berthe Bernage? non !

En direct du Québec...Il est jeune, gay et marrant...
La parole est à Omo Erectus...
[La culture du « cool » a consumé des générations de savoir-vivre. Mai 68, les courants hippies et la Révolution tranquille au Québec ont fortement transformé les rapports sociaux. Nous sommes désormais tous égaux et de la même famille.
La déférence a cédé sa place à la complaisance. Le souci de « l’autre » a capitulé devant la primauté du « soi ».]La politesse est une notion toute nouvelle pour moi. À l’ère lointaine de mon ancienne vie au sein de ma tribu d’Erectus, voilà cent mille ans, les rapports sociaux ne connaissaient aucune règle. Il n’y avait ni « bonjour » ou « bonsoir », ni « merci » ou « s’il vous plaît ». « Excusez-moi » nous était inconnu. Notre vocabulaire étant des plus modiques, la distinction entre le « tu » et le « vous » n’était pas encore source de maux de tête. Nous crachions par terre sans nous soucier du jugement des autres. Et puisque les portes n’avaient pas encore été inventées, nous n’avions pas à les retenir pour l’agrément de celle qui nous suivait. Rots, flatulences et autres vulgarités n’avaient rien d’indigne. Aussi, dès son dégel, le rustre personnage que j’étais a donc eu à s’instruire de ces multiples règles et normes qui constituent la politesse. L’apprentissage de la bienséance et des bonnes manières est une rude tâche. Il n’existe aucun index des règles qui s’imposent à qui veut vivre courtoisement. Le Code civil du Québec, contrairement à ce qu’annonce son titre, ne traite nullement de civilité. L’application des règles qui s’y trouvent entraîne souvent un effet opposé. Les universités n’offrent aucun programme d’étude en étiquette et je ne connais aucune académie du savoir-vivre. Déterminé que j’étais à parfaire mes connaissances des bonnes manières, je me suis rendu à la Grande Bibliothèque de Montréal pour tenter d’y dénicher le recueil d’enseignements qui saurait m’apporter noblesse et aristocratie. « Oui ? », fit la jeune préposée assise derrière son bureau. « Bonjour! Je suis à la recherche d’un livre sur la bienséance et le savoir-vivre. Existe-il dans cette noble institution de savoir et de culture pareil ouvrage? », fis-je. Mon interlocutrice se mit à claqueter sur son clavier puis me lança, sans même poser un regard sur moi : « Troisième étage à gauche, rangée 46, tu devrais trouver ce que tu cherches là ».Rangée 46, mon choix s’est porté sur un charmant petit livre écrit par Berthe Bernage en 1948, intitulé Convenances et bonnes manières, dont la prémisse repose sur l’idée que le « toi » a autant d’importance, si ce n’est davantage, que le « moi ». En tournant les pages jaunies de ce volume, je ne reconnaissais pourtant rien de ma nouvelle société d’adoption, où le « je » triomphe généralement du « vous ».Je suis sans doute ringard. Mais l’idée d’être vouvoyé par ceux qui ne me connaissent pas me séduit. J’ai plaisir à céder le passage à un piéton ou à un autre véhicule automobile. J’ai en horreur de voir quelqu’un cracher ou se curer les dents. Je peine à me retenir lorsque mon voisin se goinfre bruyamment de maïs soufflé au cinéma. Les toilettes publiques ne se souillent pas seules. J’apprécie les uns qui retiennent une porte d’ascenseur pour moi et les autres qui gardent la droite dans un escalier. Je suis sensible à celui qui s’enquiert de mes proches. Je préfère une chaleureuse poignée de main à un baiser sur la joue d’une personne dont je viens tout juste de faire la connaissance. J’aime à penser que l’on s’abstiendra de grossièreté en ma présence. L’amabilité, les attentions et les remerciements sauront toujours me conquérir.Manifestement, la politesse est une valeur recherchée par tous, mais pratiquée par peu.Tandis que j’assimilais l’ouvrage de madame Bernage, tout juste devant moi échangeaient bruyamment deux étudiants, manifestement absorbés par une formule mathématique complexe. Incommodé par leur conversation, j’allai à l’index de mon bouquin, identifia le chapitre consacré au silence, pour y apprendre que le savoir-vivre commande de garder le silence dans une bibliothèque. Je me résolu donc à intervenir auprès de mes voisins en les priant de bien vouloir baisser le ton.Erreur! Manifestement, mes voisins ne connaissaient pas Convenances et bonnes manières, et encore moins ses enseignements sur la courtoisie… C’est à dessein que je tairai ici la nature de la réplique dirigée contre moi!Mais croyez-moi! Berthe Bernage a du faire plus d'un tour dans sa tombe!
posted by Omo-Erectus at
8:33 AM