Les épreuves du bac se déroulent dans les caves du château de Laval, car les bombes tombent sur la ville. Marie-Joe est contente de son devoir de français. Elle a longuement parlé de Berthe Bernage, l'auteur de la série "Brigitte".
Des années plus tard, en retrouvant des Brigitte, en les relisant avec un regard différent, elle cherchera à comprendre pourquoi elle a tant aimé cette écrivaine...

mercredi 5 décembre 2007

Vacances d'automne et d'hiver...

Pardon de vous abandonner un temps...merci de vos messages...ce blog mérite plus de travail et d'attention que je ne puis lui en accorder pour le moment...Il m'est très difficile de comprendre certaines opinions de Berthe Bernage...
Merci Pivoine pour tous les conseils...Merci à une jeune lectrice de m'avoir contactée pour proposer son aide...mais par suite d'un problème de courrier j'ai perdu son adresse...Où êtes-vous gentille demoiselle de 24 ans qui avez lu Brigitte dès 12 ans ?

Avec ce travail j'aurai vraiment compris que chacun ne voit dans certains
livres que ce qu'il veut bien voir, et qu'on ne doit pas forcément prêter aux lectrices les opinions politiques d'un de leur auteur favori...Les évènements de 68 auront apportés dans beaucoup de familles le dialogue...
Beaucoup d'adolescentes voulaient simplement rêver et entendre d'autres voix que celles de leur entourage...C'était le cas de Marie-Joe et de ses amies...

lundi 24 septembre 2007

Jacques Rémillot...suite...

Brigitte cherche de nombreuses fois à marier Jacques . Mais celui-ci n'aime qu'une seule femme et résiste à toutes les propositions.
Et survient l'accident de voiture d'Olivier, et cette déclaration "étrange" faite à Brigitte :
"-Laisse-moi donc achever; je n'ai pas peur de la vérité, Jacques Rémillot serait un compagnon si fort, si sûr ! Il...t'admire, ne le sais-tu pas ? Il aime nos enfants. Parfois, je l'avoue, j'ai été sottement jaloux de lui. A présent, non ; je t'aime plus que moi-même; comprenant que Rémillot a une âme qui ressemble à la mienne, je voudrais, si je meurs..."
Curieux Olivier, je le croyais naïf et de simples points de suspension montre qu'il ne l'est pas:
"Il...t'admire"
Conception du couple d'un autre temps où il était difficile pour une femme de rester seule ? Mais étrange sentiment: Olivier ne cherche pas à savoir ce qu'en pense sa femme...Celle-ci se révolte d'ailleurs et proteste:
-"Tes paroles me désespèrent et m'offensent. Je suis à toi pour toujours. Je ne me remarierais pas."
(in Brigitte maman)
................................
Nous retrouvons Jacques des mois plus tard. Petite Marie est ammenée à Lourdes par ses parents, elle en reviendra guérie. (in Brigitte et le bonheur des autres)
La petite fille doit aller à la source et sa mère s'apprête à saisir la poignée de la voiture.
"mais une main de brancardier l'a déjà saisie et attend. Je regarde; oh! Jacques, Jacques Rémillot !
Aux épaules, il a les courroies, ce harnais des grands dévoués. Il est pâle, mais une paix extraordinaire a détendu son visage. Olivier lui demande_paroles pauvres comme on dit lorsqu'on voudrait en trouver de profondes_ s'il est en vacances.
Et il répond simplement:
-J'ai donné ma démission. Et j'ai voulu servir à Lourdes avant de changer de vie. Je vous raconterai ça, Hauteville.
J'ai déjà compris. Deux mots s'échangent:
-Prêtre ?
-Oui."
......................................
La "vocation" de Jacques est donc révélée...Lui aussi choisit Dieu à la suite d'un chagrin d'amour...Finalement seule Chantal la soeur d'Olivier ne fait pas un choix , disons, en partie négatif...Mais c'est un autre sujet...Pour le moment ce qui me frappe ce sont les dégats causés, bien involontairement, par Jacques dans le coeur d'Aliette la petite Fabrice, la soeur de Dany...J'avoue que je n'ai pas réussi à comprendre ce drame , son utilité dans l'histoire, de la même façon que le récit de la guérison de Marie me laisse perplexe, mais je ne suis pas croyante, et nous sommes en 2007, à des "années lumière " de B.Bernage. Cet ouvrage, "Brigitte et le bonheur des autres" est un de ceux qui ont le plus vieilli aujourd'hui. Mais, je le répète ce n'est pas cela qui m'intéresse...Vous remarquerez mon souci d'objectivité ! J'en suis moi-même surprise !
...J'entends Pivoine protester !!! Amies lectrices, n'oubliez jamais de lire ses messages !

vendredi 14 septembre 2007

les hommes...suite...Jacques Rémillot...

"Brigitte maman" page 68...
"Jacques Rémillot _ l'ami d'Olivier, qui gâte follement notre fille_ lui fit hommage d'une ravissante "pimbêche en chiffons"."
Il y a quelque temps Sarn, une de nos correspondantes évoquait ce prêtre qui aima Brigitte.
Ce personnage est très "curieux" et l'attitude d'Olivier ne l'est pas moins...
Les deux hommes sont très amis et on commence à "jaser"...même Huguette le remarque et évoque "certain Jacques Rémillot qui te regarde avec des yeux de chien fidèle. Il t'adore ce garçon là".
Brigitte proteste: "Olivier l'aime beaucoup et nous le recevons souvent. je flirte si peu avec lui que je cherche à le marier."
Même la douce maman s'en mêle:
-" Les amis de Jacques Rémillot...As-tu réussi à le marier, Brigitte ?
Je réponds, rougissant un peu:
-Mais non. Il est difficile.!...Mais revenons aux Jonquières"
Brigitte lutte...
"...je tiens le pauvre Jacques Rémillot à distance. Ce Jacques, dire que je ne puis l'éloigner tout à fait ! Olivier éprouve tant de plaisir à le voir que j'hésite à priver mon austère mari de cette amitié charmante. Mais quand l'amitié s'établit entre homme et femme, que l'équilibre est donc difficile, pauvre petite Brigitte ! "
..............................
Olivier se montre souvent d'une naïveté désarmante...Tout le paradoxe est là...
Dans ce monde des Brigitte ,les hommes sont les plus forts , les plus puissants, bref les esprits supérieurs,
et pourtant Berthe nous les dépeint souvent comme de grands enfants,
inconscients de la réalité...
Alors, où se situe l'auteur par rapport aux féministes ?
Colette Cosnier et bien d'autres ont violemment attaqué Berthe et ses Brigitte ...
"Durant la période de Vichy, des antiféministes s'affirment féministes : dans la très populaire série des Brigitte de Berthe Bernage, l'héroïne proclame qu'« être féministe, c'est accomplir le beau métier de femme et de maman » ( Colette Cosnier, "le silence des filles"p. 246).
Les femmes de Berthe Bernage sont soumises et plutôt sages, mais Berthe est une intellectuelle
et je pense qu'elle ne peut admettre que les hommes aient le monopole de la pensée...
Ils sont les maîtres du foyer, apportent l'argent (mais ne gèrent pas grand chose),
commandent souvent,
mais au fond ne comprennent pas grand chose à l'âme féminine...
Berthe n'éprouve -t-elle pas un certain plaisir à évoquer la naïveté d'Olivier ?
A moins que...à moins qu'en femme intelligente,
elle ne rêve d'amitié masculine...

les hommes...suite...Alain, le retour...

A quoi rêve Berthe, la célibataire en nous racontant ces flirts innocents ? Elle est fine psychologue et sait que les hommes ont de l'importance dans la vie des femmes. Il est inutile de présenter un modèle d'épouse extrèmement rigide et fidèle. Il est important de montrer que le doute , la fatigue, la tristesse existe. La femme qui résiste sera d'autant plus méritante...
C'est le cas de Brigitte dans "Brigitte maman":
Olivier est parti en Palestine. Roseline étant malade, Brigitte a renoncé au voyage...Son cafard est grand. Heureusement Yves et Arlette l'invitent à une soirée...Et bien sûr Alain Doret est présent:
"Nous avons causé, nous avons dansé. Il fut correct, respectueux; mais comme autrefois, un petit vent de septicisme passait sur mon beau jardin d'âme. Il ne railla, ne blâma rien ouvertement. Alors pourquoi trouvai-je ma vie étroite, mon mari austère, mes devoirs maternels pesants ? Et comment arrivai-je à flirter, moi, la femme d'un Olivier ?"
et une lettre d'Olivier arrive, il est très gai, peint beaucoup et surtout il a rencontré Françoise Martin "cette belle artiste qui me rendit jalouse autrefois"...le lendemain donc...
"Roseline fut bousculée par sa maman qui tira des cheveux en la coiffant, mit du savon dans ses yeux, envoya quatre ou cinq petites tapes, refusa un bonbon...et je décidais de me distraire...Je retrouvai Alain-le-mauvais-génie, je le retrouvai partout, au concours hippique, au tennis, au Salon. Quel brio ! Et que cela m'amusait de l'entendre jongler avec les idées ! J'avais l'impression étrange qu'il m'entraînait dans un monde nouveau, monde féerique et défendu où les choses avaient une autre âme. Etait-ce un flirt ? ou un renoncement de mon idéal ?"
Bien sûr la tentation n'est que passagère et bientôt Brigitte se remet à attendre son "croisé"...
........................
Tout au long des Brigitte, le mot beauté revient...beauté des visages, des paroles, des gestes...le goût des jolies choses, robes, musique, danse ...
La mère de Berthe était une femme douce, vivante, gaie, créative...Geneviève et sa soeur passe du temps à visiter les expositions, rencontrer des artistes, lire de beaux livres, décorer l'appartement...Le mot laideur revient aussi souvent, la laideur de la petite Marie (et j'avoue qu cette expression m'a choquée profondément) Zélie la laide, Jacquotte...bien sûr cette laideur n'est que physique, elle est "transfigurée par l'âme" mais elle est présente...
et le bal, la musique, les jolies robes et à la rigueur un flirt innocent sont de "jolies" choses, donc des choses qui tentent...la chair est absente, même pas un baiser, mais l'esprit est troublé, les têtes tournent délicieusement...
C'est difficile, lorsqu'on est femme, intelligente, parisienne, cultivée de passer à côté des libraires qui vendent "La garçonne", des affiches de music-hall...et ce n'est qu'un petit péché...puisque le remords n'apparaît point, même pas entre les lignes...Tout ceci est très mondain et fait d'autant plus rêver les femmes de la campagne, les ouvrières, celles qui ne connaîtront jamais tout celà...

lundi 3 septembre 2007

Brigitte et...j'ose ? Brigitte et les hommes...

Le premier garçon qui apparaît, le soir du fameux grand bal s'appelle Alain Doret, et il semble fort séduisant...

Mais " l'amour...non, ce n'était pas du tout lui...Tandis que je dansais avec d'autres amis de mon frère, j'entendis Alain qui parlait de la même voix nuancée à mon amie Chantal...Alors je sentis une grande détresse qui s'abattait sur moi. Pauvre sotte de Brigitte ! Suffit-il qu'un danseur te dise de jolies choses pour que tu voies en lui un Roméo ?"...

Pauvre pitchounette ai-je envie de dire...mais heureusement il y a Olivier...quelques pages plus loin...

Brigitte , bon gré, mal gré accompagne tante Marthe au vernissage d'une exposition d'art moderne...et soudain...

"Mais voilà qu'au milieu de la foule j'aperçois une fine silhouette vert pâle. C'est Chantal....Elle est accompagnée de son frère Olivier, un jeune artiste que je connaissais à peine, car il n'aime pas le monde et voyage beaucoup. Il a les mêmes yeux immenses, lumineux, que Chantal. Blessé de guerre, il boîte assez bas, et un ruban rouge fleurit sa boutonnière. Nous avons lu son nom dans le catalogue et tante demande à voir ses oeuvres..."
..."Nous voici devant les petites scènes que dore un soleil d'Orient. Oh! le peintre qui a compris et exprimé de la sorte la douleur divine et humaine est un grand artiste, un grand chrétien. Il a une sensibilité, une intelligence vraiment merveilleuses. Et je sens des larmes venir à mes yeux quand je contemple de telles images. C'est une révélation de beauté unique, mais c'est aussi une révélation de vie intérieure. Je ne sais comment rendre l'émotion étrange qui s'empare de moi..."
..."Alors , je me retourne vers le jeune artiste, je le regarde bien en face_ tant pis s'il voit les larmes dans mes yeux_ et spontanément je lui tends les eux mains: _Merci, oh ! merci d'avoir fait celà..."

et plus tard à la maison...
..."j'annonce à maman, un peu inquiète de la promenade, que j'ai vu des choses ravissantes, que j'ai mangé trop de gâteaux, que Chantal a un as comme frère et que je suis une bonne fille..."


C'est amusant en fait...Cette Berthe Bernage peut écrire d'une façon très littéraire mais aussi d'une naturelle...ou plutôt selon le style d'une jeune fille de l'époque...On reverra Alain de temps en temps, mais Olivier aura la première place...Quand même, les filles verront que Brigitte a connu aussi quelques émois ...Cela rassure...
Mademoiselle Bernage est très habile...


Brigitte et ses lectrices...


Les Veillées des chaumières se portent bien et Berthe Bernage a toujours des lectrices...Le livre est bien arrivé et j'ai reçu une charmante carte...et...et je trouve tout cela touchant...En ouvrant ce numéro 2760 du Journal j'ai revu ma grand-mère et ses piles bien rangées dans la petite cuisine...il n'y avait pas de salon, de salle de séjour , de canapé ni bien sûr de télévision, mais il y avait l'électricité et c'était une chance...plus facile pour lire le soir à la veillée, près de la cuisinière à bois et charbon...
Pardon à toutes de vous avoir abandonnées si longtemps, je ne le ferai plus...

jeudi 9 août 2007

Pourquoi B.B. a-t-elle choisi d'écrire et surtout de publier...hypothèses...

11 Novembre 1918: la guerre s'achève. Elle a entraîné la perte des équilibres internationaux, la ruine du système économique européen, la remise en cause des régimes politiques, la suspicion à l'égard des valeurs et des idéaux sur lesquels s'était construite la civilisation occidentale.
Tout une partie de la France rejette dieu et les valeurs bourgeoises. Les femmes qui avaient occupé la place des hommes aux champs et à l'usine se retrouvent renvoyées dans leur foyer. Elles sont très amères.
A Paris, rue d'Artois, vivent trois femmes:
Berthe, 29 ans, célibataire et sans profession, Geneviève 32 ans, fiancé mort à la guerre, institutrice, et Louise, la mère, femme au foyer.
Berthe est profondément catholique,intelligente, cultivée. Elle aime écrire. Elle regarde tout ce qui se passe autour d'elle...Je pense que de plus en plus lui vient l'envie de témoigner à son tour...N'oublions pas qu'elle est fille et petite-fille d'enseignants, que son père lui a légué ce goût de transmettre, de témoigner, "d'élever" les idées...Relisons la préface du premier Brigitte:



_Il faut montrer qui nous sommes, ne pas en avoir honte et essayer de répandre nos idéaux...Nous ne sommes pas faites pour cette société qui réclame liberté, plaisirs de toutes sortes...Mais nous avons aussi notre place dans ce monde._c'est le message qu'elle envoie...Ce qui me frappe c'est la quantité de textes publiés par Berthe Bernage.Feuilletons, livres, courrier des lecteurs, articles dans des revues...des milliers de pages...

Et des ouvrages très éducatifs:

-La fillette à l'âge ingrat
-Savoir écrire des lettres
-Savoir vieillir et sourire
-Le savoir vivre et les usages du monde, modernisé et republié sous le titre:
-Convenances et bonnes manières

Elle remplit sa "mission". Elle ne sera pas "une vieille fille inutile". Et elle joint l'utile à l'agréable car à chaque page, on sent à quel point elle aime écrire. "Nombre de romanciers mettent un point final après l'annonce du mariage de leurs héros. Pourtant le mariage est un commencement, bien plus qu'une fin. Quand on a fidèlement suivi la trame d'un récit, et aimé les personnages qui l'animent, on rêve de connaître la suite."(Brigitte jeune femme, introduction)
En 1923, elle entre en contact avec Henri Gautier et la directrice de "La mode pratique". La grande aventure va commencer avec le succès que l'on sait.

vendredi 3 août 2007

La guerre et Brigitte...

"Brigitte femme de France" s'achève...Les vacances en Alsace se terminent...

-J'entends le plain chant mystérieux et il dit:
"pour que la France ait chance de durer, sais-tu Brigitte de France de quoi elle a besoin ? de moisonneurs et de soldats, oui. De savants et d'ouvriers, oui. De prêtres et de moines, oui. Mais elle a encore besoin de la sainteté des femmes, faisant magnifiquement leur devoir humble. Elle a besoin d'épouses fidèles aux promesses de mariage, de mamans qui n'aient pas peur de la maternité. Et de celles aussi qu'on appelle sottement "les vieilles filles" et qu'on trouve partout où il y a un beau travail à faire. Le redressement final de la France ne s'accomplira pas si les mains qui cousent, soignent, balaient, langent et bercent, refusent de la soutenir."

Louise, la mère que ses filles aimaient tant est décédée en 1937...Le fiancé de Geneviève, la soeur aînée institutrice est mort lors de la première guerre...Geneviève 57 ans, Berthe 53 vivent dans leur petit appartement 201, faubourg Saint-Honoré...Elles sont de celles "qu'on appelle sottement "les vieilles filles"...Ce ne devait pas toujours être facile moralement et psychologiquement parlant de trouver sa place...

"Odile...Geneviève...Clotilde, Colette, Jeanne, Thérèse...Et vous toutes les autres qui, dans la famille ou dans le cloître, avez été de grandes Françaises en faisant des choses toutes petites, je me glisse parmi vous et je dis "Me voici" à la France qui m'appelle..."

Berthe est une femme intelligente mais elle n'a aucune expérience autre que la vie bourgeoise ...

"Je trouve injuste de poser une étiquette de médiocrité égoïste sur tout ce qui se passe dans la bourgeoisie. Elle eut, certes, des torts mais elle contribua à la grandeur du pays et elle maintint des vertus séculaires. Nous en sommes, nous autres, de ces bourgeois de France, dont les traditions permirent aux audacieux de faire leurs expériences sans que tout s'écroule et qui_deux guerres l'ont prouvé_ sont allés jusqu'à la générosité plénière. Vraiment, pourquoi opposer ainsi les classes sociales les unes aux autres? Elles pourraient former une si heureuse harmonie pour le bien de tous! Je voudrais que mes enfants, à quelque place qu'ils fissent leur vie, soient des messagers de paix."
(Brigitte et le coeur des jeunes. 1948)

Je la crois sincère lorsqu'elle place ses paroles dans la bouche de Brigitte...
Pour "avoir sa part" (!) Berthe évoque un Olivier prisonnier, un frère Yves qui meurt au front, une Brigitte qui se réfugie avec ses enfants en Anjou...des évènements à sa mesure...

Pivoine a écrit hier:
Je crois, que tu mets le doigt sur la question délicate. Hum, quelqu'un me disait l'autre jour, qu'à Paris, en 40, il y avait 3 millions de Parisiens pour accueillir Pétain. Et qu'en 44, il y avait encore 3 millions de Parisiens pour accueillir de Gaulle. De Gaulle a fait figure de libérateur, qu'il était, mais c'était aussi un peu un autocrate, tout de même.

C'est effectivement une question très difficile...d'autant plus que la majorité d'entre nous sont nées après la guerre...pas simple de juger...

Brigitte et notre cinéma...Et vous, qui verriez-vous ?

Henri Gautier avait "engagé" Marie-José Nat pour le rôle de Marie-Agnés...
L'actrice de gauche figure sur plusieurs exemplaires de Brigitte, les photos semblent parfois retouchées et les cheveux grisonnent...
Quelqu'une saurait-elle qui est cette femme?













En regardant "Un Américain à Paris" Pivoine n'a pas lésiné...Elle a décroché son téléphone et négocié un contrat avec la belle Leslie Caron...
Quel rôle lui attribuer?


Assez de déprime...place au sourire...

Extrait de "Savoir écrire des lettres" publié en 1949 par Berthe Bernage...
J'adore ce texte...

Guerre 39/45

Voici ce qu'écrivait Pivoine le 31 Juillet...
Ce qui moi me trouble le plus dans les romans de Berthe Bernage qui se déroulent pendant la guerre, c'est, la plupart du temps, l'absence de mention de l'occupant, d'une part, et du nazisme et du régime de Vichy, d'autre part (enfin, ça je le comprends un peu mieux, son propos n'était pas politique, mais ça me fait mal - ce qui me fait mal, y a rien à faire, c'est quand on passe la Shoah sous silence...) C'est finalement dans "Le roman d'Elisabeth" qu'elle va le plus loin en campant ses héros dans la peau de prisonnier de guerre, de résistant, ou de combattants dans l'armée LECLERC. Et pourtant, dans ses romans pour enfants publiés dans "La semaine de Suzette", elle est beaucoup plus "claire" en ce qui concerne la guerre 14-18.
................................................
J'ai repris: "Brigitte aux champs", "sous le ciel gris" et "en ce temps-là"...Une nuit de relecture...déprimante il faut l'avouer...Berthe Bernage résume ces années par ces mots:
"...la première année de guerre...Année parée d'illusions, vivifiée par de beaux espoirs que devait briser tragiquement le printemps 40...
Cinq années lourdes, sanglantes suivirent celle-là. Cinq années : grand morceau de vie pour les gens et pour les nations. Si l'on avait prévu les souffrances qui se préparaient, on aurait dit:"Nous ne pourrons endurer tout cela". Nous avons pu. On peut plus qu'on ne l'imagine."
( Brigitte en ce temps là)
De ces années nous entrevoyons les flots de réfugiés, les difficultés à se nourrir...C'est tout...
Alors je vais laisser tout ceci de côté...Le but de ce blog n'est pas de faire toute la vérité sur Berthe Bernage, de montrer en quoi ses idéaux étaient proches de ceux du Maréchal Pétain...
Parce que le problème est le suivant: on assimile souvent lectrices et auteur...On prête aux unes les idées des autres...J'aime profondément Claudel si souvent cité par B.Bernage , tout en étant athée et profondément "de gauche"...J'aime la force des textes de Claudel, sa poésie, ses personnages sublimes...
Lisez cet article publié par Régine Deforges dans l'Humanité...
"...me revenait le souvenir du manque de livres éprouvé durant mon adolescence..."
Tout est dans ces mots...A une époque où les livres étaient chers, les bibliothèques seulement en villes, la radio peu accessible aux milieux modestes, des revues comme "Les veillées des chaumières" étaient les seules revues féminines...C'était la seule lecture de ma grand-mère maternelle...Et toutes ces femmes n'étaient ni de droite, ni pétainistes...
Mises à part ses propres convictions, je suis sûre que le but de Berthe Bernage était de continuer d'apporter à ses lectrices un peu d'air frais, de rêve...

mercredi 1 août 2007

"Quelle connerie la guerre" a dit le poète...


La bibliothèque de Louvain en 1914...et regardez ce que j'ai trouvé sur le site...
" A peine reconstituées, les collections de livres de la nouvelle bibliothèque universitaire furent une seconde fois réduites en cendres en 1940. Vingt-cinq ans plus tard, sous la pression du nationalisme flamand, lorsqu’il fut mis fin au bilinguisme de la multiséculaire institution, celle-ci fut scindée en une université flamande et une autre francophone, laquelle fut contrainte de déménager au-delà de la frontière linguistique. Les collections de la bibliothèque qui avaient été à nouveau reconstituées, furent dès lors divisées entre les deux centres d’enseignement selon que leur cote fût paire ou impaire, événement dont l’imbécillité n’appelle pas davantage de commentaires..."

Message de Pivoine: Louvain

Voici un extrait du dernier message de Pivoine ( je citerai ce long message, plein d'idées plus riches les unes que les autres en plusieurs fois...)Merci l'amie...
~~*~~

J'ai toujours pensé que le nom de Louvain a été choisi en mémoire du bombardement (et de l'incendie), en 14-18, de la bibliothèque de Louvain (notre ancienne Université Catholique de Louvain, scindée fin des années 60 en KUL et UCLouvain-la-neuve. Incendie dans lequel auront disparu des livres sûrement rares et précieux), il y a un article quelque part dans les Veillées que j'ai feuilletées, cela avait vraisemblablement beaucoup d'importance pour ces auteurs extrêmement cultivés...31 juillet 2007 13:02
~~*~~*~~
Merci, Pivoine, je crois que l'on commence à avancer...

Lorsqu'on cherche des renseignements sur Internet à propos de Berthe B. on arrive souvent à Louvain...


Louvain... C'est aussi le Professeur Servais de l' Université de Louvain:
je cite:
_Sont en cours de publication les résultats de l'analyse d'un échantillon de "Portefeuilles de créances liégeois aux XVIIIe et XIXe siècles", de même qu'une approche à la fois sociale, économique, démographique et normative du "Mariage dans l'Est de la Belgique entre XVIIIe et XIXe siècle". Est également prévue la publication de l'analyse d'une série romanesque publiée entre 1929 et 1972 en France directement aux fins de l'éducation des jeunes filles et des jeunes femmes de la bourgeoisie catholique: "Le Monde des "Brigitte" de Berthe Bernage".
(J'ai envoyé un courriel pour savoir comment se procurer ces documents, pas de réponse à ce jour mais ce sont les vacances...)

conférence:
_3e journée du PPF Vendredi 11 mai 2007
Salle du Conseil de la Faculté de Philosophie et Lettres - Place Blaise Pascal, 1 - B 1348 LOUVAIN-LA-NEUVe
15 h 20 - Paul Servais (professeur, Université catholique de Louvain) - La religion de Brigitte. Éducation et religion dans la saga familiale des "Brigitte" de Berthe Bernage (1929-1970)

publication:
_P. SERVAIS & V. LORENT, " L'idéal féminin dans la série romanesque des " Brigitte " de Berthe Bernage ", dans Facettes de la vie privée en Belgique, XVIIIe-XXe siècles, s. dir. P. SERVAIS & L. HONNORE, Louvain-la-Neuve, 2001, à paraître.

coordonnées:
Professeur
Paul SERVAIS
Unité
FLTR/HIST/CONT
Courrier
Collège Erasme, Place Blaise Pascal, 1, B-1348 Louvain-la-Neuve
Tel
00 32 (0)10 47 49 15 / 00 32 (0) 10 45 01 74
Fax
00 32 (0)10 47 49 29
E-Mail
http://juppiter.fltr.ucl.ac.be/FLTR/HIST/staff/mailto%20:servais@cont.ucl.ac.be
Permanence
Bureau B.259

Ces documents sont sur le net donc non confidentiels...alors je refais un courrier et qui fait un saut, ou téléphone ou....? une idée ?

lundi 30 juillet 2007

Qui est Monsieur Morot-Ringlet ?

"Brigitte et les routes nouvelles"...

1950...la guerre est "loin" maintenant...
Les enfants grandissent, Jean-joie est fiancé à Monique, Roseline va épouser Dany à la fin du livre , Marie-Agnés a douze ans, l'âge de la communion solennelle, Bob le chien suit tout le monde et les jumeaux sont en pleine crise d'adolescence.
Huguette a invité à déjeuner Olivier et Brigitte...Bil est un brave type, riche, peu cultivé, mais le coeur généreux...Il connaît les difficultés du peintre...peu de contrats , peu d'argent...
C'est alors que Dany , qui rentre des USA , émet une idée assez incroyable:
"Vous savez qu'il y a un grand développement religieux aux Etats-Unis. Mais pas assez d'artistes religieux. J'ai entendu dire bien des fois: il nous faudrait des peintres pour décorer nos églises...Alors nous avons eu la même idée Tonton Bil et moi: Monsieur Hauteville ferait merveille là-bas."
Et Olivier va partir, après bien des hésitations bien sûr, mais il va franchir le pas de l'aventure...Il part...Mais nous ne sommes qu'en été et il y a loin d'ici les premières rentrées d'argent qui ne se feront que vers Décembre...

Alors Brigitte va chercher un emploi...
Elle va d'abord faire une formation de secrétariat, prendre le métro tous les matins et se frotter à d'autres femmes...Puis aidée par Bil, elle trouve un poste de secrétaire chez Monsieur Morot-Ringley...Elle y restera jusqu'après l'Epiphanie...
"C'est charmant d'être citoyenne de Neuilly,... mais habiter hors de la ville et y travailler complique singulièrement la vie: cas de tas de "banlieusards" dont les trains et le métro déversent chaque matin sur la capitale pour les emporter à nouveau le soir...
Comme disent les enfants, les choses semblaient tourner rond..."
Mais...

Biographie de Brigitte

Lundi dernier c'était la Sainte Brigitte...et j'ai oublié, je suis impardonnable...
Je dors toujours au milieu des livres, des post-it, carnets et crayons et je me bats pour établir la biographie de Brigitte...
Le problème le plus important est le suivant: quand exactement, le premier épisode de Brigitte est-il paru sur Les Veillées des chaumières ? quel décalage temporel y a -t-il entre feuilleton et livre...
Je n'ai pas encore pu voir ce premier épisode...Je me bats avec des dates un peu contradictoires...

dimanche 15 juillet 2007

Préface de Brigitte jeune fille


Brigitte parée pour son premier bal, imaginée(rêvée ?) par Berthe, et Berthe elle-même à vingt ans...
"pour qu'on l'aime, une figure de roman _pâle et joli fantôme_ doit présenter, il me semble, un ressemblance mystérieuse avec les âmes vivantes qui rêvent en feuilletant ce livre où elles croient se reconnaître"

Une France entre deux guerres, une France sans télévision, où toutes les familles n'ont même pas l'électricité, où moins de 3% de jeunes passent le bac, où l'on sort rarement de son département...une France où les jeunes filles et les femmes ont besoin de rêver...
"Ceci n'est pas un conte, et ce n'est pas une biographie. Chronique mondaine ? Traité de morale ? Pas davantage. Le journal de Brigitte vous présentera tout simplement le reflet de votre histoire de tous les jours, et de votre âme, jeunes filles. brigitte danse et s'amuse, elle étudie, elle voyage, elle rit, elle pleure, elle aime: tout comme vous-mêmes"...
Tout comme vous-mêmes, vous aimeriez faire...

Biographies...Bio pour rire...

Celle de Berthe Bernage prend du temps...mais patience...
Par contre, je me suis amusée à commencer celle de Brigitte.

Brigitte Louvain est née à Paris en 1909. Sa famille appartient à la bourgeoisie de l'époque.
Ses parents ont eu deux garçons qui sont morts à la guerre de 14/18. Il reste donc trois enfants à la maison, Yves né en 1903, Brigitte et Denis le "chouchou" de sa mère né en 1912.
Bien sûr, point de détails trop précis, le père est"un grand travailleur" qui reste marqué par la guerre de 14/18 et la maman , "une maîtresse de maison accomplie"...

Madame Louvain aime les jolies choses, les fleurs, la musique, elle joue fort bien du piano...Elle a très certainement beaucoup de points communs avec Madame Bernage, la douce Louise...
La maison est très joliment décorée, chaise à la "tapisserie aux bouquets", "salon bouton d'or", abats-jours couleur de rêve". (Berthe eut 20 sur 20 en rédaction le jour où on lui demanda de décrire sa chambre ...)

Mais la vie de famille est avant tout dominée par l'idéal chrétien, catholique.
Un jour Brigitte se dispute avec une camarade de classe:
"-Brigitte, vous plaisantez. Car il n'y a plus ni famille, ni religion, chez vous.
-Ma petite, au lieu de croire certains romanciers mauvais français qui mentent pour s'enrichir, regardez donc vivre les braves gens. On travaille, on prie , on souffre chez nous, mais gentiment , simplement. On apporte tout son esprit à sa besogne, et on s'aime avec tout son coeur. La vraie famille, c'est bien en France qu'on la trouve..."

Religion, famille, haute idée de la France étaient dans les années 1920 partagées par une majorité de français...Pour le moment notre propos est simplement de comprendre comment "fonctionne" la famille Louvain...

Démodée Berthe Bernage? non !

En direct du Québec...Il est jeune, gay et marrant...
La parole est à Omo Erectus...
[La culture du « cool » a consumé des générations de savoir-vivre. Mai 68, les courants hippies et la Révolution tranquille au Québec ont fortement transformé les rapports sociaux. Nous sommes désormais tous égaux et de la même famille.
La déférence a cédé sa place à la complaisance. Le souci de « l’autre » a capitulé devant la primauté du « soi ».]La politesse est une notion toute nouvelle pour moi. À l’ère lointaine de mon ancienne vie au sein de ma tribu d’Erectus, voilà cent mille ans, les rapports sociaux ne connaissaient aucune règle. Il n’y avait ni « bonjour » ou « bonsoir », ni « merci » ou « s’il vous plaît ». « Excusez-moi » nous était inconnu. Notre vocabulaire étant des plus modiques, la distinction entre le « tu » et le « vous » n’était pas encore source de maux de tête. Nous crachions par terre sans nous soucier du jugement des autres. Et puisque les portes n’avaient pas encore été inventées, nous n’avions pas à les retenir pour l’agrément de celle qui nous suivait. Rots, flatulences et autres vulgarités n’avaient rien d’indigne. Aussi, dès son dégel, le rustre personnage que j’étais a donc eu à s’instruire de ces multiples règles et normes qui constituent la politesse. L’apprentissage de la bienséance et des bonnes manières est une rude tâche. Il n’existe aucun index des règles qui s’imposent à qui veut vivre courtoisement. Le Code civil du Québec, contrairement à ce qu’annonce son titre, ne traite nullement de civilité. L’application des règles qui s’y trouvent entraîne souvent un effet opposé. Les universités n’offrent aucun programme d’étude en étiquette et je ne connais aucune académie du savoir-vivre. Déterminé que j’étais à parfaire mes connaissances des bonnes manières, je me suis rendu à la Grande Bibliothèque de Montréal pour tenter d’y dénicher le recueil d’enseignements qui saurait m’apporter noblesse et aristocratie. « Oui ? », fit la jeune préposée assise derrière son bureau. « Bonjour! Je suis à la recherche d’un livre sur la bienséance et le savoir-vivre. Existe-il dans cette noble institution de savoir et de culture pareil ouvrage? », fis-je. Mon interlocutrice se mit à claqueter sur son clavier puis me lança, sans même poser un regard sur moi : « Troisième étage à gauche, rangée 46, tu devrais trouver ce que tu cherches là ».Rangée 46, mon choix s’est porté sur un charmant petit livre écrit par Berthe Bernage en 1948, intitulé Convenances et bonnes manières, dont la prémisse repose sur l’idée que le « toi » a autant d’importance, si ce n’est davantage, que le « moi ». En tournant les pages jaunies de ce volume, je ne reconnaissais pourtant rien de ma nouvelle société d’adoption, où le « je » triomphe généralement du « vous ».Je suis sans doute ringard. Mais l’idée d’être vouvoyé par ceux qui ne me connaissent pas me séduit. J’ai plaisir à céder le passage à un piéton ou à un autre véhicule automobile. J’ai en horreur de voir quelqu’un cracher ou se curer les dents. Je peine à me retenir lorsque mon voisin se goinfre bruyamment de maïs soufflé au cinéma. Les toilettes publiques ne se souillent pas seules. J’apprécie les uns qui retiennent une porte d’ascenseur pour moi et les autres qui gardent la droite dans un escalier. Je suis sensible à celui qui s’enquiert de mes proches. Je préfère une chaleureuse poignée de main à un baiser sur la joue d’une personne dont je viens tout juste de faire la connaissance. J’aime à penser que l’on s’abstiendra de grossièreté en ma présence. L’amabilité, les attentions et les remerciements sauront toujours me conquérir.Manifestement, la politesse est une valeur recherchée par tous, mais pratiquée par peu.Tandis que j’assimilais l’ouvrage de madame Bernage, tout juste devant moi échangeaient bruyamment deux étudiants, manifestement absorbés par une formule mathématique complexe. Incommodé par leur conversation, j’allai à l’index de mon bouquin, identifia le chapitre consacré au silence, pour y apprendre que le savoir-vivre commande de garder le silence dans une bibliothèque. Je me résolu donc à intervenir auprès de mes voisins en les priant de bien vouloir baisser le ton.Erreur! Manifestement, mes voisins ne connaissaient pas Convenances et bonnes manières, et encore moins ses enseignements sur la courtoisie… C’est à dessein que je tairai ici la nature de la réplique dirigée contre moi!Mais croyez-moi! Berthe Bernage a du faire plus d'un tour dans sa tombe!
posted by Omo-Erectus at
8:33 AM

jeudi 12 juillet 2007

La parole est à :
Pivoine
Le journal de Marie-Agnès, si touchant soit-il, n'est pas rédigé par B.B. Et c'est, à mon sens, ce qui fait essentiellement la différence. Son style est inimitable...

Trente deux livres de la série "Brigitte " ont été publiés par les Editions Gautier-Languereau du vivant de Berthe Bernage...
Quinze livres portant la signature de Berthe Bernage parurent ensuite. Ils sont publiés par les Editions Elor.
D.Guérin dans "Le roman du roman rose", évoque cette lettre de Jacqueline, rédactrice en chef des Veillées des chaumières.

"Août 1972,
...Berthe Bernage m'avait fait l'honneur de me demander de l'aider lorsque ses soucis et sa fatigue ont commencé d'altérer ses forces. Précieusement, j'ai recueilli ses notes, ses désirs, ses plans, tout le destin des Hauteville est là, entre mes mains....
...Notre revue est un travail d'équipe dont Berthe était la conseillère et l'amie, et déjà je connais celles qui , dans cette équipe, sauront, le moment venu, écrire comme l'aurait voulu Berthe, pour que continue Brigitte et l'amour des autres..."
Ce que je me demande c'est le délai existant entre la parution des textes en feuilleton sur "les veillées" et les livres...et si ces textes étaient retouchés par Berthe B. avant parution en librairie.

Par la suite, Simone Roger-Vercel signera sept Brigitte publiés par Elor. Je ne sais si elle a participé au travail précédent...J'espère que la maison Elor lui fera suivre mon courrier...si j'ai une réponse , ne vous inquiétéz pas, vous serez les premières averties...

mercredi 11 juillet 2007

Précisions...Lectures...

Dans un premier temps, je ne travaille que sur la première série des "Brigitte": de "B. jeune fille" à "B. et la route solitaire". Ce dernier roman se termine par la mort d'Olivier.
Nous commencerons par ces mots:
"Il était une fois une heureuse jeune fille...
Ayant écrit ces mots, je ne puis m'empêcher de rire. Que diraient les bonnes gens maussades - ces gens qui croient intelligent et vertueux de soupirer, de gémir, que diraient-ils s'ils apprenaient qu'en ces temps réputés exécrables, une jeune bourgeoise de Paris se déclare parfaitement heureuse ?"...


Pour finir par ces lignes:
(Brigitte rencontre le Père Bruno et lui apporte la dernière toile de son mari.)
"-Et maintenant qu'allez-vous faire ?
-Je suis incapable d'aucun projet.
-Et cette chronique de la famille que vous aviez entreprise ?
-Elle s'arrêtera à la mort d'Olivier. Je ne la reprendrai pas.
-Dommage...
-Non. Je ne suis plus la même...
.....
-Vous n'avez jamais pensé qu'une de vos filles pourrait continuer ?...
-Il faudrait que j'y réfléchisse..."

Marie-Agnès prendra la suite de sa mère...Le "premier journal" de Marie-Agnès n'a pas pour moi la même valeur sentimentale...
Par contre, certains livres comme "La fillette à l'âge ingrat" et "Si je n'aime, je ne suis rien" permettent de mieux comprendre Berthe B. et le but qu'elle poursuivait...

mardi 10 juillet 2007

J'avais envoyé un courrier à l'église Saint-Philippe du Roule il y a peu et j'ai aujourd'hui reçu cette réponse...Je suis vraiment très touchée par la gentillesse de Marie-Hélène Robinot...
Merci à elle et à son amie secrétaire...

Courriel reçu ce matin...

Madame,

La secrétaire de M. Le Curé m'a transmis votre message concernant Berthe Bernage. j'ignorais qu'elle avait vécu dans le VIIIe arrondissement de Paris. Ce mail m'a d'autant plus touché que j'ai été, après ma mère, et avant ma fille aînée aujourd'hui âgée de trente ans, une fidèle lectrice de B.B dont nous possédons la collection jusqu'au "Mariage de Marie-Agnès". j'ai également lu d'autres ouvrages d'elle, en particulier le "Roman d'Elisabeth" dont le nombre de tomes est, me semble-t-il plus limité .J'habite moi-même aujourd'hui rue d'Artois, adresse que vous indiquez comme étant celle de B.B.
Après recherche avec la secrétaire,je peux malheureusement vous dire que nous n'avons rien trouvé concernant un baptême ayant eu lieu à Saint-Philippe du Roule, nous avons cherché sur les années 1886 et 1887. Il faudrait savoir où elle est née précisément province ? Paris ? Pourriez-vous me le dire ? ; cela me permettrait de voir dans les paroisses parisiennes qui jouxtent St-Philippe.
En ce qui concerne son enterrement, la cérémonie a bien eu lieu à St-Philippe : BB est décédée le 2 mai 1972, et a été enterrée le vendredi 5 mai ; l'acte mentionne qu'elle avait 85 ans (d'après sa date de naissance, elle en aurait eu 86 le 11 mai), qu'elle était domiciliée au 2O1 faubourg Saint Honoré et ajoute une autre adresse sans doute celle où elle est morte : 15 rue Henri Rochefort. Cette rue à une vingtaine de minutes à pied du 201 faubourg Saint Honoré est dans le XVIIe arrondissement. je ne sais dans quel cimetière parisienne elle a été inhumée. Sans doute la mairie du XVIIe ou celle du VIIIe pourrait vous renseigner.
En cherchant pour BB, j'ai trouvé un acte concernant la mort de sa soeur Geneviève : celle-ci est morte le 29 mars 1972 à 88 ans, a été enterrée le vendredi 31 mars, habitait comme BB et sans doute avec elle au 201 faubourg Saint-Honoré et semble décédé à l'hôpital Saint LOuis car c'est l'indication qui est portée en complément.
Cordialement Marie-Hélène R.

dimanche 8 juillet 2007

Louise

C'est la première page de "Brigitte aux champs" publié en 1941...
D'après certaines sources, Marie celle que l'on appelait Louise est morte en 1937...Il me faudra un jour aller à l'église Saint Philippe du Roule pour vérifier les registres...
La maman douce et gaie, celle qui avait "le don de joie"...Louise , brune aux yeux verts, qui aime tant les fleurs et les papillons...Louise romantique et passionnée qui vécut après la mort de Siméon qu'elle avait tant aimé, en compagnie de Geneviève et Berthe...
La maison de la rue d'Artois était toute proche du Jardin des Tuileries et les promenades plaisaient tellement aux enfants...

des lectrices...

Vous trouverez sur la toile, (en France, en Belgique, au Canada...) de nombreux témoignages de lectrices de Berthe Bernage...A chaque fois, c'est la série des "Brigitte" qui est citée:

-L'idée d'exemple est souvent présente...
"Je base un peu ma vie sur l'héroïne"
"Brigitte m'a aidée, elle a été une bonne amie"
- de transmission de savoir...
"C'est le plus bel héritage qu'elle ait pu me donner"
-et la présence de la mère...
"Ma mère s'en est inspirée"
"Ma mère avait la collection"
"Ma mère les adorait"

Siméon Bernage...

Siméon Auguste Barthélémy Bernage est né à Draguignan (Var) le 18 Janvier 1839. Passioné de littérature il obtint l'agrégation de lettres en 1860. Il publia en 1880 une étude remarquée sur Robert Garnier qui au XVI° siècle fit revivre la tragédie antique en France. Fils d'enseignant, son père eu Jules Vallès comme élève, il fut lui-même professeur au Lycée Fontanes qui devint Lycée Condorcet à la chute du Second Empire.
Il était aussi titulaire de la légion d'honneur...

Il ressemblait fortement à Jean Le Mazier, le père évoqué dans le roman de Berthe (image ci-dessus):"Si je n'aime , je ne suis rien".
"Un Christ janséniste, un poète classique régnant [Racine]; de beaux meubles, de beaux livres vieillissant à leur ombre: tels sont les trésors de Jean Le Mazier, professeur en Sorbonne, trésors qu'il veut léguer intacts avec leur esprit à -ses enfants...
C'était un grand passionné , sous ses apparences froides..."
Une partie du Dimanche matin était consacré à la lecture des Evangiles...

Mais dans le roman , c'est la mère qui disparaît trop tôt, alors que dans la vie, c'est Siméon qui mourra le premier...

dimanche 1 juillet 2007

Biographie...suite...

Lorsque Marie Jenny épouse Siméon Bernage, le Lundi 26 Avril 1875 à midi, les jeunes époux savaient-ils qu'ils donneraient naissance à six filles ?

Adèle sera religieuse au Sacré-Coeur,
Marie mourra à dix-huit ans,
Louise prendra le voile à Notre Dame de Sion,
Marguerite sera l'heureuse épouse d'Arséne Limon Duparcmeur,
Geneviève l'institutrice, perdra l'homme qu'elle aime lors de la bataille de la Marne,
quant à Berthe, la petite dernière...

samedi 30 juin 2007

citations à discuter...

"Des centaines de livres écrits avec art_car ce n'est pas si facile de réussir un roman sentimental et de manier lestement le lieu commun_ont, grâce à leur optimisme fondamental, aidé des millions d'êtres à oublier les injustices de la condition humaine"
Jacques Laurent (préface du "Roman du roman rose")
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Je ne pense pas que les "Brigitte" appartiennent à la famille du roman rose. L'écriture peut être semblable, mais Berthe Bernage avait aussi un souci éducatif.
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"La qualité littéraire est indéniable, mais les valeurs sont elles du siècle passé et des bonnes familles catholiques françaises idéalistes. Une sorte de janine Boissard avant la lettre, mais avec moins d'audace."
Madame de Rênal (Le testament des poètes)

vendredi 29 juin 2007

Mise au point...

Il me faut préciser que je ne suis pas catholique, ni "de droite". Ce blog n'a pas d'ambition littéraire, il ne sera sans doute pas très "ordonné", ce n'est pas le but...Je veux ici simplement essayer de comprendre ce qui a fait rêver tant de femmes et d'adolescentes et me faire plaisir. Beaucoup de femmes de plus de cinquante ans ont lus les "Brigitte" ou rejetés les "Brigitte" adorés par leur mère...Ce qui est certain c'est que ces lectures laissaient rarement indifférentes.
Rien qu'en cherchant sur la toile vous trouvez nombre de témoignages positifs ou négatifs...
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Pour se diriger à l'intérieur de ce blog il suffira d'utiliser les mots-clés cités en marge et de consulter les archives...La liste des ouvrages n'est bien sûr pas exhaustive. J'espère acquérir d'autres livres, mais je me concentrerai dans un premier temps sur la première série des Brigitte, jusqu'à "La relève" reprise du journal familial par Marie-Agnés.
Il est très caractéristique de noter qu'adolescente, je me rêvais Marie-Agnés tandis qu'aujourd'hui je me sens plus près de Brigitte...

Naissance


Berthe naît le 11 Août 1886 de Siméon Bernage, professeur (de père en fils...) et de Marie Jenny appelée Louise(?). Elle est la dernière d'une famille de six enfants. La famille habite Rue d'Artois à Paris, près du Lycée Condorcet où enseigne Siméon. Tous les dimanches la famille assiste à la messe en l'église Saint-Philippe-du-Roule. Toute sa vie, Berthe restera fidèle à ce lieu...

Berthe et les moralistes...

"Comparés aux livres de Berthe Bernage, ceux de la Bibliothèque Rose pourraient passer pour lincencieux et presque démoniaques. "Brigitte jeune fille, Brigitte jeune femme, Brigitte maman" peuvent être mis entre toutes les mains les plus pures, car rien n'y donne une idée, même très vague, du mode de passage de l'héroïne du premier état aux deux suivants...Mademoiselle Berthe Bernage est donc , à mon avis, digne d'être élue sociétaire des Gens de lettres de France."
11 Mars 1934, Capitaine de vaisseau Paul Chack, écrivain...
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Le problème est sans doute dans ce genre de félicitations, de support...Paul Chack était très pro-allemand pendant la dernière guerre. Il n'y avait guère de femme écrivain et catholique se consacrant au début du siècle dernier à une littérature essentiellement féminine et populaire. La récupération était donc facile...

Premiers éditeurs



Les premiers ouvrages de Berthe Bernage furent publiés en feuilleton sur la revue "Les veillées des chaumières" et comme livres aux Editions Languereau...
Ces dernières furent fondées en 1917 par Maurice Languereau et par son oncle Henri Gautier. Leur catalogue reprenait les auteurs de récits romanesques et mélodramatiques publiés depuis 1885 dans les magazines comme "Les veillées des chaumières". Maurice Languereau, sous le pseudonyme de Caumery, créa le personnage de « Bécassine » et Henri Gautier lança la « Bibliothèque populaire » qui rassemblait des classiques de la littérature française et étrangère. Après la Seconde Guerre mondiale, les Éditions Gautier-Languereau se consacrèrent essentiellement à la jeunesse. Elles devinrent en 1991 une filiale du groupe Hachette.