Les épreuves du bac se déroulent dans les caves du château de Laval, car les bombes tombent sur la ville. Marie-Joe est contente de son devoir de français. Elle a longuement parlé de Berthe Bernage, l'auteur de la série "Brigitte".
Des années plus tard, en retrouvant des Brigitte, en les relisant avec un regard différent, elle cherchera à comprendre pourquoi elle a tant aimé cette écrivaine...

vendredi 3 août 2007

La guerre et Brigitte...

"Brigitte femme de France" s'achève...Les vacances en Alsace se terminent...

-J'entends le plain chant mystérieux et il dit:
"pour que la France ait chance de durer, sais-tu Brigitte de France de quoi elle a besoin ? de moisonneurs et de soldats, oui. De savants et d'ouvriers, oui. De prêtres et de moines, oui. Mais elle a encore besoin de la sainteté des femmes, faisant magnifiquement leur devoir humble. Elle a besoin d'épouses fidèles aux promesses de mariage, de mamans qui n'aient pas peur de la maternité. Et de celles aussi qu'on appelle sottement "les vieilles filles" et qu'on trouve partout où il y a un beau travail à faire. Le redressement final de la France ne s'accomplira pas si les mains qui cousent, soignent, balaient, langent et bercent, refusent de la soutenir."

Louise, la mère que ses filles aimaient tant est décédée en 1937...Le fiancé de Geneviève, la soeur aînée institutrice est mort lors de la première guerre...Geneviève 57 ans, Berthe 53 vivent dans leur petit appartement 201, faubourg Saint-Honoré...Elles sont de celles "qu'on appelle sottement "les vieilles filles"...Ce ne devait pas toujours être facile moralement et psychologiquement parlant de trouver sa place...

"Odile...Geneviève...Clotilde, Colette, Jeanne, Thérèse...Et vous toutes les autres qui, dans la famille ou dans le cloître, avez été de grandes Françaises en faisant des choses toutes petites, je me glisse parmi vous et je dis "Me voici" à la France qui m'appelle..."

Berthe est une femme intelligente mais elle n'a aucune expérience autre que la vie bourgeoise ...

"Je trouve injuste de poser une étiquette de médiocrité égoïste sur tout ce qui se passe dans la bourgeoisie. Elle eut, certes, des torts mais elle contribua à la grandeur du pays et elle maintint des vertus séculaires. Nous en sommes, nous autres, de ces bourgeois de France, dont les traditions permirent aux audacieux de faire leurs expériences sans que tout s'écroule et qui_deux guerres l'ont prouvé_ sont allés jusqu'à la générosité plénière. Vraiment, pourquoi opposer ainsi les classes sociales les unes aux autres? Elles pourraient former une si heureuse harmonie pour le bien de tous! Je voudrais que mes enfants, à quelque place qu'ils fissent leur vie, soient des messagers de paix."
(Brigitte et le coeur des jeunes. 1948)

Je la crois sincère lorsqu'elle place ses paroles dans la bouche de Brigitte...
Pour "avoir sa part" (!) Berthe évoque un Olivier prisonnier, un frère Yves qui meurt au front, une Brigitte qui se réfugie avec ses enfants en Anjou...des évènements à sa mesure...

Pivoine a écrit hier:
Je crois, que tu mets le doigt sur la question délicate. Hum, quelqu'un me disait l'autre jour, qu'à Paris, en 40, il y avait 3 millions de Parisiens pour accueillir Pétain. Et qu'en 44, il y avait encore 3 millions de Parisiens pour accueillir de Gaulle. De Gaulle a fait figure de libérateur, qu'il était, mais c'était aussi un peu un autocrate, tout de même.

C'est effectivement une question très difficile...d'autant plus que la majorité d'entre nous sont nées après la guerre...pas simple de juger...

Brigitte et notre cinéma...Et vous, qui verriez-vous ?

Henri Gautier avait "engagé" Marie-José Nat pour le rôle de Marie-Agnés...
L'actrice de gauche figure sur plusieurs exemplaires de Brigitte, les photos semblent parfois retouchées et les cheveux grisonnent...
Quelqu'une saurait-elle qui est cette femme?













En regardant "Un Américain à Paris" Pivoine n'a pas lésiné...Elle a décroché son téléphone et négocié un contrat avec la belle Leslie Caron...
Quel rôle lui attribuer?


Assez de déprime...place au sourire...

Extrait de "Savoir écrire des lettres" publié en 1949 par Berthe Bernage...
J'adore ce texte...

Guerre 39/45

Voici ce qu'écrivait Pivoine le 31 Juillet...
Ce qui moi me trouble le plus dans les romans de Berthe Bernage qui se déroulent pendant la guerre, c'est, la plupart du temps, l'absence de mention de l'occupant, d'une part, et du nazisme et du régime de Vichy, d'autre part (enfin, ça je le comprends un peu mieux, son propos n'était pas politique, mais ça me fait mal - ce qui me fait mal, y a rien à faire, c'est quand on passe la Shoah sous silence...) C'est finalement dans "Le roman d'Elisabeth" qu'elle va le plus loin en campant ses héros dans la peau de prisonnier de guerre, de résistant, ou de combattants dans l'armée LECLERC. Et pourtant, dans ses romans pour enfants publiés dans "La semaine de Suzette", elle est beaucoup plus "claire" en ce qui concerne la guerre 14-18.
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J'ai repris: "Brigitte aux champs", "sous le ciel gris" et "en ce temps-là"...Une nuit de relecture...déprimante il faut l'avouer...Berthe Bernage résume ces années par ces mots:
"...la première année de guerre...Année parée d'illusions, vivifiée par de beaux espoirs que devait briser tragiquement le printemps 40...
Cinq années lourdes, sanglantes suivirent celle-là. Cinq années : grand morceau de vie pour les gens et pour les nations. Si l'on avait prévu les souffrances qui se préparaient, on aurait dit:"Nous ne pourrons endurer tout cela". Nous avons pu. On peut plus qu'on ne l'imagine."
( Brigitte en ce temps là)
De ces années nous entrevoyons les flots de réfugiés, les difficultés à se nourrir...C'est tout...
Alors je vais laisser tout ceci de côté...Le but de ce blog n'est pas de faire toute la vérité sur Berthe Bernage, de montrer en quoi ses idéaux étaient proches de ceux du Maréchal Pétain...
Parce que le problème est le suivant: on assimile souvent lectrices et auteur...On prête aux unes les idées des autres...J'aime profondément Claudel si souvent cité par B.Bernage , tout en étant athée et profondément "de gauche"...J'aime la force des textes de Claudel, sa poésie, ses personnages sublimes...
Lisez cet article publié par Régine Deforges dans l'Humanité...
"...me revenait le souvenir du manque de livres éprouvé durant mon adolescence..."
Tout est dans ces mots...A une époque où les livres étaient chers, les bibliothèques seulement en villes, la radio peu accessible aux milieux modestes, des revues comme "Les veillées des chaumières" étaient les seules revues féminines...C'était la seule lecture de ma grand-mère maternelle...Et toutes ces femmes n'étaient ni de droite, ni pétainistes...
Mises à part ses propres convictions, je suis sûre que le but de Berthe Bernage était de continuer d'apporter à ses lectrices un peu d'air frais, de rêve...